LE SYSTÈME ÉDUCATIF ALLEMAND
Et voilà, les Terminales de l'académie de Strasbourg se sont inscrits au bac, un examen que beaucoup de gens dénigrent, parfois à tort. Un point de vue qui se retrouve également dans l'ensemble du système scolaire français. Les récentes réformes du collège ont suscité un réel mécontentement de la part des professeurs du secondaire. Trop superficielles ou trop difficiles à mettre en œuvre, elles sont révélatrices d'un système scolaire qui se cherche depuis des années. Outre-Rhin, les méthodes et les approches sont différentes, pour un bien ou pour un mal ?
Une organisation atypique
Pour les Allemands, le choix fatidique de l'orientation ne s'effectue pas en troisième, mais bien en CM2 (la « Fünfte Klasse »). Le choix de la filière désirée est effectué en fonction de l'élève, de sa personnalité et de ses notes. Trois filières différentes s'offrent alors au futur sixième :
- la Hauptschule, destinée avant tout à ceux qui désirent sortir rapidement du système scolaire, à travers un apprentissage. Elle est axée sur des savoirs pratiques.
- le Gymnasium, réservé aux meilleurs élèves et leur permettant de poursuivre des études supérieures. Il dispense un savoir à dominante théorique et se rapproche de notre lycée général.
- entre les deux, la Realschule vise de son côté à procurer un savoir, à la fois théorique et pratique : il s'agit peu ou prou de notre lycée professionnel. Elle permet également de poursuivre des études supérieures.
A noter que ces trois filières peuvent être intégrées au sein d'une Gesamtschule, dans certains Länder.
Selon le point de vue, choisir dès le CM2 son orientation est soit bénéfique, soit discutable. Il est vrai qu'en France, bon nombre d'élèves de collèges sont « paumés », et ne font que remplir les bancs d'une classe pendant quatre longues années. L'investissement en cours peut donc sévèrement pâtir de leur ennui, ce qui peut s'avérer néfaste pour la classe dans son ensemble.
Toutefois, certains parents allemands sont moyennement satisfaits de cette organisation particulière. Jean, 17 ans, est élève de Terminale S dans un lycée alsacien. Il a passé une semaine dans trois familles différentes aux quatre coins de l'Allemagne : « Je me souviens que les parents de mon correspondant de Cologne ont apprécié l'idée de choisir son orientation en troisième. Pour eux, on est trop peu mature en CM2, ce que je trouve vrai. »
L'objectif du Gymnasium : l'Abitur
Une autre différence, au niveau des filières « générales », se situe à l'examen de fin de secondaire (l'Abitur). Là où un élève de Marseille passera le même examen que son camarade de Lille, un Berlinois n'aura pas le même sujet qu'un Munichois. Le fait est que chaque «Land», ou région, possède ses propres programmes, donc ses propres exigences.
L'Abitur bavarois est réputé pour sa difficulté tandis que son homologue hambourgeois souffre de sa facilité. Les universités sélectionnant les élèves à travers un numerus clausus, certains lycéens préfèrent changer de Land pour étudier. Une tendance qui résume assez bien le système scolaire allemand: si en France, tout est nivelé au même niveau, en Allemagne, des niveaux hétérogènes différencient fortement les élèves. De là se pose la question de l'égalité entre candidats, au-delà de l'origine sociale.
Le système éducatif allemand encourage l'autonomie
Toutefois, il reste intéressant de souligner que les élèves allemands disposent d'un bagage plus étoffé, dans la mesure où ils font généralement preuve de plus d'autonomie.
«J'ai été étonné de voir que les élèves de primaire, en Saxe-Anhalt (Ndlr: au Nord-Est du pays), restituent leur propre cours avec des étiquettes données par leur professeur. Je ne sais pas s'il s'agit d'une méthode propre à l'enseignante, mais j'ai remarqué que les élèves sont beaucoup plus autonomes. Ils subissent de plus, moins de pression. En Bavière, j'ai été frappé de voir que presque tous les élèves d'une classe de première participaient volontairement en cours de maths. L'ambiance était bien meilleure, j'ai senti que les élèves ne se considéraient pas comme des concurrents. L'élève est invité à défendre son raisonnement projeté au tableau, juste ou faux.», affirme Jean.
L'organisation du bac est également différente. Les candidats passent obligatoirement des épreuves d'allemand et de mathématiques. Toutefois, il est nécessaire de choisir d'autres matières à présenter à l'Abitur. Si les élèves suivent un enseignement complet en biologie ou d'autres matières, ils ne passent que certaines épreuves: «Mon correspondant bavarois a choisi, de mémoire, oral de chimie et écrit de physique.», d'après Jean.
Par conséquent, l'herbe n'est pas forcément plus verte chez le voisin d'Outre-Rhin. Toutefois, certains aspects demeurent positifs. Pourquoi ne devrait-on pas choisir une filière en un juste milieu, en cinquième? Laissons ceci à nos têtes pensantes du gouvernement.
par Jean Mounier, Théo Schlienger.